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Je crains mais j'assume.

Si c'est un homme.

21 Mai 2011 , Rédigé par Cadavre exquis Publié dans #crainte sociétale

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Alors, que ceux qui réduisent jusqu'à son nom en trois initiales pourraient bien se garder d'ajouter à ce qui relève d'une enquête, l'opinion de leur mépris. Opinion, quand je devrai dire, normalisation de l'idée qu'on se fait d'un homme. Quand aujourd'hui, ne semble admise la seule culpabilité au régime des possibilités.

Déferlante médiatique qui s'empare de la vie d'autrui pour la briser, en démultipliant le vide qu'elle possède comme unique connaissance des faits. Au lieu de ça, des rumeurs et mystifications autour d'une affaire qui tournent en vase clos dans un monde journalistique qui ne paraît survivre qu'en se satisfaisant d'affaires scandaleuses. Dégueulis et chiures en tout genre regroupés sous le terme "tabloïds" créent la réputation de ceux qui dans l'ombre, restent bien tranquillement à distance. Certain(e)s* se permettent d'y aller de leur expérience avec celui pour qui elles ont parfois obtenu un entretien. Entre fantasme et réalité, le souvenir d'une séduction unilatérale qui prend des allures inconsidérées.

Seuls les lâches tirent sur un homme à terre. Et respecter cela, comme l'instruction en cours et la présomption d'innocence, ne devrait pas encourager ceux qui enfreignent ces règles pourtant essentielles à traiter les premiers de misogynes. Je voudrais pouvoir penser qu'il n'est pas incompatible de concilier le respect d'une procédure juste et les femmes dans leur ensemble. Pas seulement les femmes violées, les femmes prétendument violées, les femmes de chambre, les femmes portoricaines émigrées d'origine africaine comme les mêmes journalistes se sont empressés de préciser. Comme si cette information supplémentaire pouvait moduler la crédibilité que l'on pouvait accorder à une plaignante. Faut-il y comprendre un dénigrement manifeste lorsque l'on affuble quelqu'un de traits visiblement reconnus inférieurs?

Façonner la tête des gens comme des objets manufacturés, sous-produits de surconsommation télévisuelle courante, réduit toute idée contradictoire. La théorie du complot, ou même d'une simple affabulation revient à nier les femmes, revient à faire passer ceux qui la partagent pour des idiots. Des psychologues leur expliquent la théorie de la dissonance cognitive, convoquée arbitrairement, hors contexte, quand ils pourraient plutôt évoquer l'idéologie dominante qui les mettrait davantage en danger. Un pléonasme au 19ème siècle et encore à notre époque, mais le pouvoir a changé. Plus que les politiques, les réels détenteurs sont ceux qui influent sur les masses, la "classe médiatique", dans son aspect globalisé au plus mauvais sens du terme.

Dommage de constater tout de même que ce ne sont bien souvent qu'en ces uniques périodes d'incrédulité, de crise, que la foule s'intéresse à la justice et à la politique. Nul ne sait ce qu'il adviendra de Dominique Strauss-Kahn, mais la crédibilité de ceux qui nous gouvernent, indépendamment d'ailleurs de l'issu de l'affaire, perd encore sérieusement de son éclat.

Fallait-il en parler avant de cette soi-disant propension maladive à séduire? Des psychanalystes auraient alors pu dresser son portrait, au milieu d'autres, dans des magazines à grand tirage, quitte à continuer de se laisser propagée l'idée qu'un "bon psychologue" écrit sur des faits a posteriori, quand réellement un "bon psychologue" ferme sa gueule lorsqu'il ne sait pas. D'ailleurs, nul ne connaît parfaitement puisque chacun doute. Toute vérité n'implique que ceux qui la croient.

Pour autant, n'oublions pas que d'autres avant lui, accusés de faits similaires, pour des raisons différentes, parfois invraisemblables, ont depuis été "blanchis" (jamais réellement, car pour les mêmes raisons évoquées plus haut, subsistera toujours le doute). Il importe de faire jaillir la lumière, mais de laisser au temps de diluer cette affaire, qui au regard de l'histoire tombera peut-être un jour dans l'oubli. Un oubli qui pour les journalistes du monde entier tombe sur tout ce qu'il existe d'autres au monde, qu'ils dénient volontairement pour jouir du plus sordide, au triomphe de l'information sélective.

*Au risque de passer pour sexiste.

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