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Je crains mais j'assume.

Retour sur désinvestissement.

16 Septembre 2013 , Rédigé par Cadavre exquis Publié dans #crainte sociétale

Voilà maintenant quelques jours que j'avais pensé à ce titre merdique. Le problème, c'est que j'ignore désormais ce que je voulais lui faire contenir. Je vais donc m'essayer à y mettre n'importe quoi, n'importe qui et surtout n'importe comment.

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On y est. Sélectionné en master 2, dans la minorité de ceux qui filent ou s'échappent vers une sortie diplômante de la fac. Les autres restent et c'est toujours plus dur pour ceux qui restent. Je reviens de loin, de très loin, là-bas au bout de la nuit. L'itinéraire fabrique la légitimité. La petite phrase facile qui colle à cet instant s'inscrit dans une sorte de : "je sais où je vais parce que je sais d'où je viens". "L'expérientialisme" serait-il un humanisme? On a pourtant rapidement bon compte à se détourner de sa trajectoire pour la rectilignité facile d'une autre, moins épuisante, plus rassurante. Le ronronnement tranquille qui satisfait. Satisfecit. On a bien souvent idéalisé le passage vers la lumière du fond du tunnel, mais qu'est-ce qu'on y trouve dès lors? Et même si je sais d'où je viens, la lumière c'est troublant. Heureusement, il y a le reste, le réel, les artifices d'un esprit de corps, en entreprise, ou quelque chose qui s'y rapporte. La rentabilité au risque de s'y perdre, une faillite de moyens pour une obligation des résultats. On se méprend, c'est certain. Pluridisplinarité de la perversion à tous les stades, dans chaque gradin. Plus rien ne sert plus rien. Précarisation du travail, travail de la précarisation. Exister dans une fonction, un rôle en mosaïque éclatée pour 2 euros 75 de l'heure. Mais la réalité, c'est moins car rien ne vaut la peine de rien. La couleur de l'époque, c'est celle du mépris, "fifty shades of grey".

Vitrine sur misère, on est tous des "window shopper" devant la misère du monde à tout à la fois s'en extasier, et la craindre, la détester. Et où va le monde? Les populismes rampants auto-défensatoires nous liquéfient. Quoi de neuf depuis 1983? La montée du FN, les faits divers qui font la loi dans les urnes. 30 ans d'inconvenance. En quelques jours, ça bouge dans les idées. Sans suite. On bascule de Nice à Clermont-Ferrand, d'un adolescenticide à un infanticide. La morale, si l'on s'en tient aux deux faits, c'est que la foule défend plus volontiers les meutriers d'origine libanaise que ceux d'origine algérienne. A moins que ce ne soit qu'une coïndicence? Mais pourquoi écrire l'origine des meutriers et des victimes? L'origine peut-elle être un facteur dans la sinuosité d'une trajectoire? Pour 17.000 personnes en France, on dirait bien. Violence psychique d'état. "L'état est le plus froid des monstres froids". Est-ce que le socialisme en France donnerait raison à Nietzsche?

Pendant ce temps-là, les chiens grognent de plus en plus fort en faveur du lynchage. Des siècles de justice pour en revenir à la barbarie, littéralement. Chiens conservateurs, chiens de garde, chiens galeux. Le relai médiatique leur jette les restes. Et pourtant, n'importe quelle personne éduquée devrait savoir qu'il ne faut pas écouter celui qui hurle le plus fort, ni celui qui parle en dernier. La colère, l'autre, la nôtre, elle se chuchotte et il faut s'y pencher pour qu'elle soit entendue.

"Il y a dans les hommes plus de choses à admirer qu'à mépriser." A. CAMUS, La Peste.

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